Entrevue avec Master Allan, fondateur de La Suiterie
Nous vous présentons Alioune Traore, aussi connu sous le nom de Master Allan, ce jeune Burkinabais localisé dans la région d’Ottawa/Gatineau, est le fondateur de « La Suiterie », une marque qui offre des vêtements sur mesure.
Qui est Master Allan ?
Je suis un jeune entrepreneur qui exerce aussi dans le domaine des vêtements, et qui a la possibilité de faire ce qui le passionne. Je ne me défini pas tout à fait comme un styliste. J’ai une passion pour les vêtements, et j’ai donc décidé de me lancé dans ce domaine.
Parle nous de la création de la Suiterie
La Suiterie à été créée au Canada en 2014. J’ai commencé avec la vente de vêtements Street Wear que je faisais distribuer dans les boutiques d’Ottawa, sous la marque Billénium. Avec le temps, je me suis rendu compte que j’avais plus le coeur pour tout ce qui était formel.
Du coup avec les profits du Street Wear, j’ai pu me lancer dans la production de costumes, plus précisément, les vêtements sur mesure (chemises, vestes).
D’ou vient le nom La Suiterie ?
C’est une transformation française du mot anglais « Suite » (costume). Tout comme un Québecois dirait « poutinerie », « La Suiterie » est l’endroit ou se vendent les costumes (« Suites). C’est un mot qui s’adapte au marché canadien, plus précisément Québécois et Franco-Ontarien. Cette clientèle a une culture un peu Française, un style à la Parisienne, que j’arrive à leur offrir.
Quels types de services est-ce que la Suiterie offre actuellement, et quel sera l’évolution ?
Nous offrons des vestons, chemises et pantalons, ainsi que des accessoires (mouchoirs de poche, cravate). Jusqu’à présent, l’offre n’a pas trop changé, par contre, la qualité et les touches de styles ont changé. Je compte garder ces mêmes produits, pour pouvoir fidéliser ma clientèle. On compte offrir des chaussures bientôt, mais sous une autre marque.
« La Suiterie » est l’endroit ou se vendent les costumes
À quoi ressemble ta clientèle ?
Ma clientèle est assez variée, il y a une forte concentration africaine, mais aussi des îles (Haiti…), et une clientèle locale (québécoise et franco ontarienne). Environ 75% de ma clientèle se situe à Ottawa/Gatineau, et 25% à Montréal. Au niveau du profile, on s’adresse à une classe moyenne et plutôt aisée. On a aussi une clientèle haut de gamme, qui peut se procurer les costumes sans difficulté.
D’ou te viens ce talents pour la couture ?
J’ai pris des cours, mais pas institutionnel. En effet la connaissance m’est venu grâce à un livre que j’ai acheté, et par des vidéos sur youtube. Aujourd’hui, la production est plutôt déléguée. Nous faisons les costumes à Hong Kong car ils ont l’expertise et l’équipement (laser…). À mon avis avec la main d’ouvre moins cher, l’Afrique est un marché exploitable pour notre production.
Il y a une tendance pour les styliste africains d’aller vers le « Wax », est-ce quelque chose que tu envisage ?
C’est quelque chose que j’envisage, mais je compte le faire très discrètement (juste une petite touche). Je pense que pour bien le faire, il faudra d’abord que la marque grandisse, car être un réacteur de tendance prend du temps.
Il faut expérimenter, trouver sa passion, et se lancer sans forcément regarder le côté financier.
A quel point est-ce difficile d’entrer en affaire au Canada, surtout en temps qu’immigré ?
Le Canada est une terre accueillante, et avec beaucoup de facilités au niveau des régulations, ce qui fait que c’est possible de commencer quelque chose. Néanmoins il y a le clash des cultures qui peu rendre les choses difficiles. Il faut donc savoir se confronter et s’adapter aux différentes cultures. Par contre, quand le produit est bon, le fait d’être immigrant a peu d’importante.
Un message pour les entrepreneurs africains ?
Mon message est de commencer une activité qui vous tient à coeur. Il faut expérimenter, trouver sa passion, et se lancer sans forcément regarder le côté financier.
Au début, ne parlez de vos projets qu’à des gens qui n’ont pas d’intérêt dans ce que vous faite. Une fois les succès réalisés, vous pouvez les partager, car les gens ne soutiennent pas les idées, mais les actions.
J’ai une très bonne et loyale clientèle africaine, et ai eu plus de référencement provenant d’africains. Je ne crois donc pas en ce « mythe de non solidarité africaine ».
On dit souvent que les Africains ne sont pas solidaires entre eux et ne se soutiennent pas, partagez-vous ceci ?
Je ne partage pas du tout. Selon moi, Il y a une forte solidarité entre africains. Je pense que si on ne soutient pas, c’est peut être parce qu’on trouve peut être que le produit n’est pas de bonne qualité, on qu’on a mieux ailleurs. Aujourd’hui mon entreprise peut même fonctionner sans marketing car j’ai une solide clientele africaine. Personnellement, j’ai une très bonne et loyale clientèle africaine, et ai eu plus de référencement provenant d’africains. Je ne crois donc pas en ce « mythe de non solidarité africaine ».
Tu te rend bientôt en Afrique, quels sont tes projets pendant ce voyage
Je vais explorer les opportunités par rapport à ma compagnie et offrir mes connaissances. Très certainement que j’aiderai des personnes là-bas à avoir quelques unes des connaissances que j’ai, pour que je puisse exporter là-bas ce que j’ai commencé ici.
Quels sont les projets à venir ?
Nous travaillons sur une marque de chaussure. Ceci est un projet de longue date. D’ici le mois de septembre, nous serons en mesure de sortir les premières paires. Ce sera des souliers en cuire, certains décontracté avec des semelles blanches. Nous resteront néanmoins axé sur le haut de gamme. Nous allons ajouter des couleurs dans les chausses, en utilisant la patine » (chaussures peintes à la main). On aura donc la possibilité d’offrir des chaussures qui sortent de l’ordinaire. On n’en trouve très rarement dans la région, donc ce sera une belle innovation: un produit qui parle lui même.
Comment peut-on te contacter ?
Pour la première fois, il faut prendre rendez-vous en ligne pour la prise de mesure. Ca peut se faire sur le site, ou à travers les réseaux sociaux (Instagram, Facebook) où il y a la possibilité d’appeler. Une fois le rendez-vous pris, on peut se rencontrer soit dans une de nos boutiques éphémères (à Montréal les week-ends), ou en fonction de la clientèle, chez moi (qui est comme un condo-boutique)